Tous les goûts sont dans la nature, dit-on. Dicton. Oui, tout l’égout sort de la nature. Et tout ce qui sort de l’égout en pleine nature n’est pas toujours très agréable. La Nature a beau avoir horreur du vide, autre dicton, comme l’armature a horreur du vent, elle aimerait bien parfois qu’on lui foute la paix, qu’on cesse de la décorer, de la dévorer, de la déparer, de la dénaturer, de la saturer de déchets, de détritus et d’écritures, salissants, saisissants, Si le promeneur doit ramasser les déjections de son compagnon quadrupède, canin en tout cas, car pour le cheval, nous y reviendrons, c’est plus compliqué, il ne se croit pas tenu, ce promeneur, ou son collègue, de ramasser ses propres crasses (voyez l’importance de la place de l’adjectif : placé après, ce serait un oxymore) : papiers gras, plastiques, canettes, et autres reliefs de repas... Sans parler des déménageurs occasionnels, des bricoleurs, qui, ignorant le mot « déchetterie », balancent n’importe où leurs rejets, vieux mobiliers, gravats... Tant que cela ne se voit pas. Sans parler des hydrocarbures et autre dépôts polluants... Bref, il faut croire que ça ne tombe pas sous le sens. Tout ce qu’on lui balance, à la nature ! Et les chasseurs, qui sont, comme chacun sait, les premiers Zécologistes, n’oublient pas de signer leurs forfaits en semant sur leur chemin, comme des petits poucets, quelques douilles, ces andouilles. Tradition, quand tu nous tiens !
Encore ces crasses-là ne sont-elles que superficielles, et bien visibles. Plus insidieux, plus profonds sont les déchets intérieurs : les crasses que l’on transporte dans le cerveau. Quand cerveau il y a. Je pense à ça parce qu’en ce moment, à l’heure où j’écris, ont lieu les procès des complices présumés, et non assumés, des tueurs de la Culture, du Rire, de l’Intelligence, trinité absente de ces cerveaux-là. Procès de la bêtise en quelque sorte. Encore tous les complices, réels ou virtuels, ne sont-ils pas au banc des accusés. Je pense à quelques Zintellectuels, dits de gauche, qui soutiennent le fascisme, alias l’Islamisme, au nom de quoi ont été assassinés nos amis, et les inconnus de ce jour-là, sous prétexte d’antiracisme, confondant ainsi l’obscurantisme avec un peuple. « Ils l’ont bien cherché » entend-on. Et les coupables ne sont plus les terroristes, qui terrorisent au-delà de la sphère médiatique, autant qu’en deçà, qui terrorisent leur propre communauté, les coupables sont les pacifistes humoristes massacrés. Plus facile. Et les « medias partent » en criant haro sur le baudet. Tiens, en parlant de baudet...
Mais je m’égare ; revenons à mon sujet. L’immature a horreur du vide... qui lui remplit la caboche. Alors il le comble. De n’importe quelle façon. Pour exister.
Par exemple, ce qui peut être drôle quand on s’ennuie, quand on n’a pas grand chose pour remplir sa vie, c’est de saccager. Non pas de s’engager, s’engager à la façon de Greta Thumberg et heureusement bien d’autres pour sauver ce qui peut l’être, mais saccager, c’est bien plus marrant. La nature oui, mais c’est moins spectaculaire. Elle réagit pas la nature, enfin, pas tout de suite. Alors que les sépultures, ça c’est génial. « Les morts c’est sous terre, ça n’en sort guère » disait Jules Laforgue. Ça peut pas se défendre. Mais ça fait réagir les vivants. Et comme les morts, c’est sacré, on s’attaque au sacré, imagine un peu le résultat. La portée médiatique. En plus, ils sont Juifs, la plupart, c’est encore plus drôle. Avec un peu d’imagination, on en trouve, des choses à faire. Tiens, je parlais des chevaux. Il existe, depuis quelque temps, un nouveau jeu, on ne sait d’où venu, qui consiste à les mutiler, leur crever les yeux, leur arracher les oreilles, les parties génitales, génial, que sais-je encore. Un peu comme dans les arènes, sauf que là c’est permis, puisque c’est la… tous ensemble : tra... di... tion, En fait, Il suffirait d’en faire une tradition, de ce jeu, ce passe-temps, pour que le troupeau social l’accepte. Comme, par exemple, la torture en temps de guerre, la gégène, c’était de la tradition aussi. Le flash-ball, en temps de paix, une paix relative qui s’appelle conflit social, c’est encore des traditions.
Ah oui, le monde est violent, que voulez-vous ? Quel est le chef d’orchestre de ce grand bal musclé ? Les chefs d’orchestre ? Je ne voudrais pas me répéter, mais la guerre, cette mascarade, cette peine de mort masquée, reste une de nos grandes traditions. Ça s’entretient, tiens, les traditions. On va quand même pas apprendre à nos enfants à se comporter avec autrui de façon respectueuse. Autrui est l’ennemi potentiel, l’adversaire à battre, en tous domaines. C’est la tradition.
Alors, enseignons leur nos grandes valeurs, la patrie, la famille, le travail : Quoi, ça te rappelle quelque chose ? Rien n’a changé. Enseignons-leur le respect des valeurs, les héros, les guerriers, l’armée. Et dès le plus jeune âge, familiarisons-les avec ces notions -là. Quant aux trois mots qui sont figés au fronton de l’école, on finit par n’y plus faire attention. Msieu c’est quoi la fraternité ?
Maintenant qu’on admire, qu’on comprend, qu’on défend le terrorisme, du moins les pions humanoïdes qui ont été utilisés, robotisés, abêtisés pour cette cause, pour pas se mettre à dos nos frères musulmans, on ne s’y retrouve plus.
Au delà de l’école, qui certes a un rôle à jouer dans ce bal, autre que de préparer au ball-trap par le SNU, un service militaire masqué, nous avons, nous médias, nous parents, nous citoyens, nous pacifistes, un rôle autrement plus important pour, « sinon refaire ce monde, au moins empêcher qu’il ne se défasse davantage » comme disait Camus ?
Yves Le Car